Place au bien-être en plein cœur de la nature sauvage de la Colombie-Britannique
Bien au chaud dans mon lit, la couverture remontée jusqu’au menton, il y a deux choses dont je suis absolument certaine : ça ne fait aucun doute, je suis en train de rêver. Et pourtant, je le sais, j’ai les yeux grand ouverts.
Alors que je contemple toute la sublime absurdité du moment en pleine nature que je suis en train de vivre, un rire fend mes lèvres et vient rompre le silence environnant. Le lit dans lequel je suis blottie ne se trouve pas dans une pièce fermée par quatre murs. Non, à la place, cette « chambre » al fresco est perchée tout en haut d’une plateforme en forme de L ancrée dans le fond de la mer, bien cachée dans l’un des recoins que forme la côte escarpée de la partie sud de la forêt pluviale Great Bear, en Colombie-Britannique.
Par Jennifer Hubbert
Nimmo Bay Wilderness Resort
À part mon ami et un aigle qui passe de temps à autre, il n’y a pas âme qui vive.
Juste à ma gauche, des volutes de fumée s’échappent de la cheminée d’un jacuzzi chauffé au bois. À ma droite, un joli sauna en bardeaux de cèdre. Pendant tout le temps qu’il faut au soleil pour traverser paresseusement le ciel de l’après-midi, je profite des deux, plusieurs fois, jusqu’à ce que les perles de sueur qui dansent sur mon front m’incitent gentiment à aller profiter de la fraîcheur de la mer de jade. À présent, alors que je suis emmitouflée dans mes couvertures, mon corps est en effervescence, mais mon esprit est en paix, dépourvu de toute inquiétude.
À Nimmo Bay Wilderness Resort, l’eau, qu’elle soit sucrée ou salée, est un élixir qui donne la vie. Ce sanctuaire reculé a été construit spécifiquement autour d’une chute d’eau qui s’écoule à travers une forêt tapissée de fougères avant d’aller à la rencontre de l’océan. Surplombée par deux jacuzzis en barils de cèdre, elle crée une atmosphère particulière et ne s’arrête jamais de s’affairer. Lorsque Craig Murray entendit la mélodie effrénée de la cascade en 1979, il crut entendre le chant d’une sirène. Cela faisait un moment qu’il était en quête de l’endroit idéal pour donner vie à son rêve : monter un camp de pêche familial et à l’écart du reste du monde.
Le jour où je suis arrivée à Nimmo, trois hélicoptères étaient perchés sur des passerelles en bois reliant entre eux neuf chalets d’hébergement, un studio de yoga et deux cabanes de soins à une salle à manger et un espace feu de camp flottants. Cela fait d’ailleurs bien longtemps que les hélicoptères font partie intégrante du paysage de Nimmo Bay. En effet, au début des années 80, Murray et ses partenaires commerciaux ont contribué au développement de la pêche héliportée, une activité permettant d’emmener en un rien de temps les pêcheurs et pêcheuses en eau de mer dans des trous à poisson secrets dans les montagnes. L’offre incroyablement dépaysante de Nimmo a tout de suite séduit le public, attirant au passage les entreprises américaines et une ribambelle de magnats. Deux épisodes de la série télévisée Justice à Boston ont d’ailleurs été tournés là-bas.
Des nos jours, rares sont les personnes qui viennent à Nimmo pour pratiquer la pêche avec remise à l’eau. Elles sont d’ailleurs accueillies par la deuxième génération de Murray : Fraser, le fils de Craig et sa compagne, Becky, qui ont repris ensemble la gestion du site en 2012. Les hélicoptères sont toujours au rendez-vous, mais, aujourd’hui, au lieu de lancer leur ligne, les visiteurs et visiteuses préfèrent escalader des glaciers millénaires, pratiquer des activités à sensations fortes dans des rivières déchaînées ou faire du vélo héliporté dans l’arrière-pays.
Cela dit, bien qu’un peu moins grandiloquents, les petits moments inattendus qui suscitent l’émerveillement sont tout aussi mémorables. Par exemple, alors que je faisais de la plongée avec masque et tuba, j’ai eu le plaisir de trouver un gros crabe en train de surfer sur un épais ruban de varech brun. Une autre fois, dans un lagon à l’écart, un dauphin s’est mis à nager au loin dans notre sillage et a fait quelques galipettes dans les airs avant de nous escorter sur le chemin du retour. Autre exemple, lors d’une randonnée dans la forêt pluviale de Great Bear, où la mousse est reine, les guides nous ont expliqué en quoi les poissons « nourrissent les arbres », puis nous ont montré des asperges de mer et de l’achillée, des plantes sauvages comestibles que nous avons ensuite retrouvées dans nos assiettes!
À Nimmo Bay, la gastronomie a toujours été au cœur des préoccupations des convives. Mais, au cours des dernières années, c’est devenu une véritable obsession associée à l’épicurisme. Notre dernier soir, nous avons soupé à la table du chef et savouré un menu dégustation en sept services. En cuisine, le chef Rob Boland et son équipe ne cuisinent pas, ils opèrent! Sous les lampes infrarouges, de longues pinces à épiler attrapent délicatement les fleurs mauves qui servent de garniture à un rotolo de queue de bœuf avec une précision chirurgicale. Nimmo est une terre merveilleusement sauvage : la forêt est un jardin et le rivage un garde-manger. Des ingrédients issus de la pêche ou de la cueillette et qui ne paient a priori pas de mine comme le varech, le palommier, le crabe ou l’oursin sont transformés en plats de haute gastronomie fortement enracinés dans leur terroir et qui constituent toujours un vrai régal pour les yeux. D’ailleurs, tout comme les « chambres » al fresco, les tables à manger sont elles aussi peu conventionnelles, privilégiant une configuration « hors les murs ». En effet, ces festins à l’emplacement changeant peuvent être dégustés tant façon pique-nique dans des endroits secrets au beau milieu des bois que sous forme de « snorknique » où les convives ont de l’eau jusqu’à la taille.
Alors que je me prépare au retour brutal à la réalité lorsque je quitterai Nimmo, je décide de cocher une dernière chose sur ma liste de choses à découvrir au cours de ce bain de nature. Dans une cabane en cèdre près de la cascade, Bianca Lorage choisit avec soin une sélection d’huiles essentielles tirées de son échoppe d’apothicaire botanique. Un massage d’une heure, ça revigore toujours, mais le bonheur que procure cette expérience est à son apogée lorsque je profite ensuite d’une douche extérieure.
Dans la lumière du jour qui filtre à travers les arbres, enveloppée dans les arômes entêtants du cèdre, du bois de santal et de la bergamote, une troisième chose s’ajoute à la liste de mes certitudes : Nimmo Bay est un véritable baume pour le cœur.
Votre jet est prêt quand vous l’êtes.
Photos avec l’aimable autorisation de Nimmo Bay Wilderness Resort.