Buffalo, New York | A Crystal-Clear Vision | AirSprint

Buffalo, NY | Miroir, mon beau miroir

Les amateurs et amatrices d’art du monde entier convergent vers Buffalo.

Sous une canopée de verre, de métal et de miroirs qui ressemble à une approche réflexive du grand chapiteau du Cirque du Soleil, se trouve une place centrale aérée menant à des pièces illuminées remplies d’œuvres artistiques.

Déambulez et arrêtez-vous pour observer des chefs-d’œuvre réalisés par James Tissot, John Singer Sargent, Matisse, Picasso et leurs contemporains.

Autre option, vous rendre dans la partie de l’exposition où les œuvres d’art se font plus modernes et plonger dans l’univers de Pollock, de Rothko et de Jasper Johns.

Par Mary Luz Mejia


BUFFALO AKG ART MUSEUM

Des plaques de verre se dressent sur plusieurs étages et forment une passerelle vitrée de 90 mètres de long qui mène à d’autres parties de ce complexe dédié à l’art.

En chemin, vous passerez devant Laura, une imposante sculpture réalisée par l’artiste catalan Jaume Plensa, qui monte la garde juste à côté de la passerelle. Vous vous dites peut-être que je suis en train de vous décrire un musée à New York ou à Milan, mais non : celui-ci se trouve à Buffalo! Il s’agit en effet du Buffalo AKG Art Museum, ce musée de l’État de New York récemment revisité. À lui seul, il vaut la peine de faire un détour par la « ville du nickel », comme on l’appelle.

Glass Steel Stone : Agrandissement du musée d’art AKG de Buffalo.

L’impressionnante extension de 11 000 m2 qui est venue compléter cette institution vieille de 161 ans a pu être réalisée en majeure partie grâce à l’Office for Metropolitan Architecture (OMA), dirigé par Shohei Shigematsu, partenaire chez OMA North America. Andrew Mayer, le responsable du marketing et des relations avec les médias chez AKG, explique que, plutôt que de simplement chercher de nouvelles idées pour donner vie à un nouveau bâtiment, le musée a cherché des partenaires dans le domaine architectural prêts à collaborer avec la communauté, à écouter son avis et à incorporer ses besoins dans sa proposition finale. Et c’est bien ce qu’a permis d’accomplir ce projet qui a coûté 64 millions de dollars américains. Il a en effet transformé l’AKG Art Museum de Buffalo en une « toile », comme le souligne la revue Architectural Digest : il ne s’agit pas seulement d’un endroit qui abrite des œuvres d’art, mais aussi d’un espace inclusif, chaleureux et axé sur la communauté.

Miroirs, métal, verre et lumière

Nous commençons notre visite du musée dans le Common Sky (littéralement, le « ciel commun »), la fameuse « place centrale » dont je parlais plus tôt, qu’on appelle ainsi, car elle couvre et relie le bâtiment Robert and Elisabeth Wilmers construit en 1905 et le bâtiment Seymour H. Knox construit en 1962. Cet espace a été créé par le studio Other Spaces, issu d’une collaboration entre l’artiste dano-islandais Olafur Eliasson et l’architecte allemand Sebastian Behmann. Résultat : une merveilleuse expérience kaléidoscopique, où l’on peut observer des gens en train de siroter leur café ou manger un brunch au café Cornelia de la place centrale.

Common Sky, une installation d’Olafur Eliasson et Sebastian Behmann du Studio Other Spaces.

C’est d’ailleurs là que nous rejoignons notre guide, Brian Gugino, avant de nous diriger vers la Mirrored Room (littéralement « pièce en miroirs ») créée par Lucas Samara en 1966, qui se situe dans le bâtiment Seymour H. Knox. Il s’agit d’une pièce entièrement faite de miroirs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. À l’entrée, nous retirons nos chaussures, conservons nos bas, puis pénétrons dans la pièce, qui contient une table et une chaise en miroirs. Le résultat est une expérience hypnotisante qui offre de nouveaux points de vue à chaque mouvement.

Mirrored Room | Conçu par Lucas Samoras, américain, né en Grèce, 1936-2024

Une étude en couleurs

Nous avons aussi l’occasion de voir des œuvres typiques de Cézanne, de Picasso, de Dalí, de Miró et bien d’autres. Il y a tant à découvrir… Comme le dit l’un·e des ancien·ne·s collègues de Gugino : « il y a beaucoup d’autres musées dont la collection comprend des Pollock et des Rothko. Mais les œuvres que nous avons ici sont la crème de la crème. » D’ailleurs, seuls 2 % de la collection du musée sont exposés en permanence.

Au rez-de-chaussée du bâtiment Jeffrey E. Gundlach, Gugino nous présente les œuvres abstraites et énigmatiques de l’artiste Clyfford Still. Le musée a fait l’acquisition de sa première peinture de Still en 1957, avant d’en acquérir bien d’autres par la suite grâce à la relation qu’ont nouée avec l’artiste le directeur du musée de l’époque, Gordon Smith, et le président du conseil Seymour H. Knox Jr.

Clyfford Still PH-1123 (1954), 1954 dans le bâtiment Jeffrey E. Gundlach.

Gugino nous a expliqué que ce sont les premières œuvres de Still et ses innovations dans le domaine de l’abstraction qui ont servi de terreau au mouvement de l’expressionnisme abstrait. Les œuvres de Still sont imposantes en taille, mais aussi en termes de portée. L’exposition actuelle présente l’intégralité des peintures de Still dont dispose le musée, soit 33 œuvres, ainsi que de la documentation et des photographies qui illustrent les liens entre l’artiste et la ville de Buffalo. La peinture November 1954 ressemble à la carte d’un continent perdu couvert de neige avec un îlot noir au sud et une masse terrestre orange encore plus au sud. Gugino nous a expliqué que l’objectif était que nous soyons frappé·e·s par la couleur et la forme tout à la fois, et c’est exactement ce qui s’est produit. Il y a quelque chose d’extrêmement puissant et captivant dans le choix des couleurs de l’artiste, dans leur placement et dans les coups de pinceau qu’il applique sur d’immenses toiles de 13 pieds de large (voire plus!).

Se faire l’écho de voix différentes


Les acquisitions récentes se concentrent sur les voix d’autres artistes qui voient le monde depuis leur point de vue unique. Par exemple, prenez la remarquable œuvre photographique Esta finca no será demolida (This property will not be demolished) réalisée en 2011 par Teresa Margolles, une artiste mexicaine. Dans cette œuvre, quarante photographies illustrent la vie dans la ville frontalière de Ciudad Juárez, en proie pendant des années à de la violence liée au trafic de drogue, et la résilience des personnes qui tiennent un commerce dans la ville et qui continuent à mener leur vie malgré les difficultés auxquelles elles font face.

En sortant du musée, nous remarquons qu’un concert de jazz en direct a lieu sur la Sculpture Terrace. L’événement est gratuit et ouvert au public. C’est bien ce genre d’initiatives communautaires, tant au musée qu’ailleurs, qui rendent la ville de Buffalo intéressante et bouillonnante.


À faire dans les environs

Il y a tant de choses à découvrir à Buffalo que vous feriez bien d’aller visiter sans plus tarder la « ville des bons voisins », comme on l’appelle, avant qu’elle ne change plus vite que son ombre. Vous pouvez visiter le site industriel de Silo City, qui a été restauré et sert actuellement de site de régénération des écosystèmes. Là, d’anciens silos-élévateurs ont été transformés de façon à abriter des installations artistiques, notamment Warp de Gareth Lichty (2016).

Installation de WARP 2016 par Gareth Lichty à Silo City.

À Silo City, vous pouvez admirer les « ruines industrielles », rester à Duende pour profiter de la musique et, en été, profiter de spectacles de théâtre en direct dans l’un des jardins.


Et si vous restiez manger?

À moins de deux kilomètres du musée, sur Lafayette Ave, se trouve InnBuffalo, le manoir victorien érigé en 1898 que l’ancien magnat des affaires Herbert Hewitt a transformé en hôtel-boutique. Revenez plusieurs siècles en arrière en découvrant de majestueuses pièces joliment aménagées, sans oublier un piano Chickering, un sous-sol style bar clandestin (mais avec des cocktails!) et des salles de bain tout en tuiles datant de la fin des années 1800. Joe, l’aubergiste, est une vraie perle et se fera un plaisir de vous chouchouter pendant votre séjour.

Inn Buffalo | 1898 Manoir victorien de l’ancien magnat des affaires Herbert Hewiit.

Rendez-vous à la Cucina du Richardson Hotel de Buffalo, récemment restauré, pour découvrir toutes les saveurs du nord de l’Italie, notamment des pâtes fraîches faites maison, du risotto, du poisson grillé et des fruits de mer frais. Les plats sont élaborés à partir d’ingrédients locaux et le restaurant bénéficie d’un cadre idyllique : 40 acres de parc entourant un bâtiment historique conçu par Frederick Law Olmstead, l’homme qui a conçu Central Park à Manhattan.

Sculpture à l’entrée du Richardson Hotel Buffalo récemment restauré.



Votre rêve de jet privé est à portée de main.

Photos avec l’aimable autorisation de Mary Luz Mejia.

Retour aux articles
Obtenir Un Prix